En juin 2022, Inditex, maison-mère de Zara, a engagé une procédure judiciaire à Hong Kong contre Shein pour violation présumée de droits d’auteur. Plusieurs pièces, notamment des sacs, des robes et des accessoires, présentent des similarités troublantes entre les catalogues des deux enseignes, alimentant une série de litiges internationaux.
Dans l’industrie, la reproduction de designs connus sous le nom de « dupe » prospère sur un vide juridique : la protection de la propriété intellectuelle reste limitée pour les formes et motifs vestimentaires. Cette zone grise favorise la multiplication des copies, tout en brouillant la frontière entre inspiration et contrefaçon.
Plan de l'article
- Shein et Zara : deux visions du design face à la fast fashion
- Accusations de plagiat : que reproche-t-on réellement à Shein concernant les créations de Zara ?
- Le phénomène du « dupe » : entre inspiration, imitation et dérives dans la mode
- Enjeux éthiques et rôle des consommateurs dans la lutte contre le plagiat et la surconsommation
Shein et Zara : deux visions du design face à la fast fashion
Dès qu’il s’agit de mode rapide, la cadence dicte sa loi. Shein avance à un rythme effréné, inonde le marché avec des milliers de produits neufs chaque jour. De l’autre côté, Zara défend une approche différente : une part d’anticipation, l’œil rivé sur les tendances, un équilibre entre instinct et maîtrise. L’algorithme dévore tout chez Shein ; Zara, elle, fait confiance à ses équipes et à l’intuition humaine.
Si l’on regarde comment chaque marque conçoit le design, les différences s’accentuent. Zara s’appuie sur ses propres studios, dispersés entre l’Espagne et l’Asie, et mise sur une qualité ressentie comme supérieure, avec un vrai souci de cohérence dans ses collections. Chez Shein, le volume prime sur tout : offrir le plus large choix au plus bas prix, quitte à copier, pour rendre la mode accessible à tous. Résultat : des rayons virtuels débordants, des prix cassés, et des articles aussi vite oubliés que commandés, tout cela pour séduire une clientèle jeune et ultra-connectée.
| Enseigne | Nombre de nouveaux articles/jour | Positionnement |
|---|---|---|
| Shein | Jusqu’à 6 000 | Prix bas, ultra-rapidité |
| Zara | Environ 500 | Collections, qualité, tendance |
Avec une croissance fulgurante, Shein s’impose grâce à son arsenal numérique et logistique. De son côté, Zara continue à miser sur l’image de marque et une narration maîtrisée. Deux modèles se défient, se croisent, se copient parfois. La confrontation est inévitable, la rivalité palpable.
Accusations de plagiat : que reproche-t-on réellement à Shein concernant les créations de Zara ?
Les réseaux s’enflamment, les comparaisons affluent, la presse s’empare du sujet : l’ombre du plagiat plane sur la relation entre Shein et Zara. La marque espagnole, figure de proue de la fast fashion, découvre ses modèles clonés à une vitesse record par la plateforme chinoise. Robes, manteaux, motifs, détails emblématiques : chez Shein, certains articles ressemblent jusqu’à la confusion aux créations de Zara, du croquis à la finition.
Le débat touche au cœur de la propriété intellectuelle. Là où Zara investit dans une équipe dédiée, cultive la confidentialité autour de ses inspirations, Shein s’appuie sur des analyses de tendances automatisées pour injecter ces influences dans ses collections, quitte à flirter dangereusement avec la copie pure et simple.
Les pratiques dénoncées :
Voici ce que pointent du doigt les détracteurs de Shein :
- Reproduction rapide de modèles Zara, parfois à quelques semaines d’écart
- Emprunt de motifs particuliers, de coupes ou de détails facilement identifiables
- Aucune mention ni partenariat avec les créateurs initiaux
Shein impose son tempo, court-circuite les étapes habituelles de la création. Face à cette accélération, le débat sur la qualité et la protection des idées prend une tournure brûlante. Les spécialistes du droit tentent de répondre : jusqu’où peut-on protéger une coupe, un motif, une palette de couleurs ? Les repères traditionnels s’estompent, tout comme la frontière entre hommage et duplication.
Le phénomène du « dupe » : entre inspiration, imitation et dérives dans la mode
Le terme « dupe » s’impose, s’affiche partout, devient viral. Il désigne ces vêtements qui s’inspirent de pièces phares, mais sont vendus à prix mini et sans la griffe d’origine. Sur Shein, ce phénomène explose. Les réseaux sociaux orchestrent la mise en scène : vidéos comparatives, influenceurs qui passent chaque couture au crible, chasse au « faux parfait ». Pour beaucoup de jeunes, l’original passe au second plan. L’objectif, c’est de dégoter la meilleure alternative, celle qui ressemble le plus, au meilleur tarif.
L’écart entre inspiration et imitation s’amenuise. Zara a souvent puisé chez les maisons de luxe ; Shein, lui, accélère le processus et multiplie les références à grande échelle. Son application propose une sélection gigantesque, renouvelée chaque semaine. L’acheteur, confronté à cette avalanche, passe d’un modèle à l’autre, compare, achète en un instant.
Le « dupe » s’installe comme une norme valorisée par une génération qui veut tout, tout de suite, sans se ruiner. Mais ce jeu a ses perdants : les designers anonymes voient leurs idées se dissoudre dans la masse, tandis que les géants de la mode cherchent à défendre leur propriété intellectuelle. Les règles changent, les repères aussi, et la notion même de création originale se fragilise.
Enjeux éthiques et rôle des consommateurs dans la lutte contre le plagiat et la surconsommation
Les cas de Shein et Zara cristallisent les interrogations autour de la responsabilité dans la mode actuelle. Derrière chaque achat, la question du plagiat et de la surconsommation se glisse, souvent discrète, mais omniprésente. Chacun devient partie prenante d’un engrenage : nouveautés, tentations, achats réflexes.
Sur les réseaux, les débats sur la qualité des produits Shein et Zara fusent à chaque ouverture de colis. Rapidité contre durabilité, économies contre finitions : le prix fait mouche, mais l’interrogation sur les conditions de fabrication ne disparaît jamais. Qui est derrière ces vêtements ? À quel rythme les usines tournent-elles ?
En France, les consommateurs sont désormais mieux informés. Reportages, campagnes de sensibilisation, chiffres de vente records : tout rappelle que chaque choix individuel a un impact bien réel.
Trois leviers s’offrent à celles et ceux qui veulent agir :
- Remettre en question la copie systématique, c’est repenser la notion de création.
- Limiter la course à l’achat, c’est refuser le tout-jetable.
- Privilégier une mode plus responsable, c’est arbitrer entre envie et conviction.
La comparaison des pratiques entre Shein et Zara fait apparaître les failles d’un système où l’abondance rime avec uniformisation. Les clients testent, commentent, partagent, mais au bout du compte, ce sont leurs choix qui tracent la voie. Reste à savoir si demain, la mode saura s’inventer une autre trajectoire.


